J'espere trouver parmi la petite dizaine d'occidentaux reperes dans les parages le possesseur d'un appareil Canon G9. J'en interroge quelques uns -tous anglophones - avec peine. Un jeune et sympathique anglais (Harvey) -francophone de surcroit - sort de son sac son Canon G9, l'exacte replique du mien! Il pourra me preter sa batterie et, chance supreme, il continue son voyage vers Xiahe dans deux jours et propose d'organiser un echange. Je telephone a la GuestHouse pour verifier qu'ils ont bien decouvert mon chargeur et combine la transaction d'echange. Me voici de nouveau autonome et pret a mitrailler encore pendant huit jours grace au chargeur d'Harvey!
Ce village de montagne est traverse par un torrent, c'est ce cours d'eau qui materialiase la frontiere entre les deux provinces : Gansu et Sichuan. Dans le village de 3000 ames, deux monasteres sont implantes de part et d'autre du cours d'eau.
Le temps est tres mauvais, la pluie nous bloque dans les cafes toute la matinee. Dans l'apres-midi, nous partons vers le monastere cote Gansu. Le plafond est bas, la visibilite reduite, pourtant nous grimpons allegrement entre 3500 et 3700. Notre repere est le sommet d'un petit tertre couronne d'un bouquet de drapeaux de priere. En patrouillant dans les environs nous tombons sur un site bien etrange : un cimetiere celeste.
Des os humains jonchent le sol autour d'une sorte d'autel de pierre destine a la presentation des restes humains aux vautours. Des outils utilises pour ces taches funebres (plusieurs dizaines de haches, couteaux, serpes) sont abandonnes sur place.
Plus haut, nous decouvrirons les vautours, perches sur une crete rocheuse proche, ils sont bien une quinzaine. Notre presence les derange, ils prendront vite leur envol, immenses, puissants. Leur envergure est bien a l'echelle des plumes retrouvees sur le site : elles mesuraient plus d'un demi metre!
En retournant en ville, impressionnes par ce spectacle, nous traversons un pauvre village ou nous sommes accueillis par deux gamins de 5 et 6 ans, tres propres dans la boue ambiante. Plus loin, leur mere nous regarde. Apres les formalites d'approche, grands sourires et bonjour (Tachi delek), elle nous propose le traditionnel pot d'accueil (the sale au beurre et tsampa)... et nous accompagne dans le village jusqu'a sa maison. Puis, plus loin hors du village, nous montre un nouveau sentier pour rejoindre Langmusi.